Amaya Eguizabal


Amaya Eguizabal La genèse de l’humain est une sortie du chaos qui s’est lentement organisée du fond de l’ombre bactérienne sortit du minéral évoluant vers le végétal, puis l’animal aquatique échouant sur la plage d’une terre où les vestiges de ses origines l’invitent sans cesse à espérer y retourner. Mais soyons plus violents la femme est-elle issue d’une « funeste côtelette » dérobée à un endormi de Dieu ou est-elle fille du vent dans les branches se glissant dans les replis muqueux des fleurs ? Que cherche-t-elle à engendrer en se baignant avec des gamètes de la taille des poissons ! La femme s’autorise d’elle-même, complice d’une nature, qui l’étaye comme pour s’y fondre et jouer à titiller l’archaïque souvenir caché dans l’intime recoin de ses origines. Les éléments mitoyens sont si proches qu’ils deviennent partenaires de l’étreinte dont l’homme est si souvent absent. Amaya peint une féminité en quête de nid, elle n’a pas encore choisi si d’un oiseau, d’un poisson ou, d’un arbre elle fera son amant… ces contes de l’enfance où tout reste envisageable donnent le change, à l’incertain désir de faire un impossible chemin à contre sens dans l’évolution. Les tuniques d’apparat ne cachent pas seulement la nudité, elles l’exposent ; « la fiancée » attend dans une mandorle ouverte comme une vulve mystique alors que d’autres plongent, la tête en bas vers d’autres points de vue ou que Gaïa médite en soutenant les lourdes mamelles qui vont nourrir la Terre. Comment ne pas imaginer les pesants secrets qu‘Amaya nous chuchote, espérant que l’on n’entendra que le bruit de l’air qui sort de son cœur. La parole peinte ou murmurée du bout des doigts au fond de la baignoire est une eau lustrale qui dissout les nodosités accumulées dans la lignée. Il n’est rien du passé qui ne soit psychodégradable, le relais passe par le pardon donné et reçu, la vie triomphe finalement comme l’eau trouve son chemin dans la moindre fente. La petite fille n’a pas à se renier pour devenir femme féconde, elle a juste à faire confiance à l’épreuve de l’ouverture qui en fait une porteuse d’humanité.

François PAUL-CAVALLIER 16/10/2007