Christiane Laval


Le peintre est une île gourmande

La plupart des peintres ne savent pas parler de leur peinture, mais heureusement leur peinture parle d’eux. Ce qu’ils mettent sur leurs toiles, c’est eux, leur histoire, celle de la lignée dont ils sont issus. Christiane Lavai au prolongement de ses doigts trace aussi le chemin de son futur. Il y a de la puissance et de la détermination dans le choix de l’angle de vue qui ne fait aucune concession pour révéler une poésie de l’intime à la fois rigoureuse et colorée. Le charnel au sens de l’incarné ne se limite pas au corps sensuel visible, c’est l’espace interne qu’il abrite qui concerne Christiane. Comme un esprit de possession, elle semble s’être glissée à l’intérieur de ces corps pour les visiter et les habiter le temps de les saisir.

Poser une couleur, faire trace, c’est une mise en acte grave dont la jouissance est le perpétuel moteur. Christiane scrute et trie, elle aime s’emparer de l’intimité qui s’installe avec le relâchement du modèle qui se donne à voir, on sent qu’alors elle se rassasie avec gourmandise. La peinture appliquée par flaques d’émotion rend compte d’une multitude d’états partiels de vérité fugitive accumulés pour former la complexité des êtres que nous sommes.

Ce regard impliqué justifie l’impudeur des portraits, la chasteté des nus et l’inconnu des paysages en croissance constante.

François PAUL-CAVALLIER 7/10/2001

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