La coopération et création spirituelle


La coopération, une invitation à la création spirituelle.

Nous nous débattons souvent dans un état de contrainte où la volonté de toute puissance nous entraîne à vouloir toujours plus maîtriser notre vie terrestre et assurer seul notre vie éternelle. Comme si le salut pouvait être établit par la créature sans la participation du Créateur. La foi n’est pas une croyance, c’est une relation c’est à dire un lien entre deux personnes. La croyance seule n’est qu’une coquille vide. C’est dans cette relation constante de la créature à son créateur que va se jouer la dynamique de l’âme dont la prière est la respiration.

Ouverture et enfermement

Plutôt que de se battre pour gagner sa vie, son salut nous pouvons choisir l’abandon, dans son sens de donner en abondance. S’abandonner entre les bras du Père c’est entrer dans l’ouverture, s’en remettre à Lui pour lui donner toute la place. Chacun de nos actes sont alors participation à son œuvre ainsi nous coopérons à la divine création. Le lâcher-prise loin de la résignation est une acceptation à participer et à devenir co-créateur avec le divin convaincus que nous sommes que ce qui se présente à nous a un sens dans l’Œuvre Divine.

L’enfermement se trouve dans la rétention le repli sur nos seules forces, la conviction que nos connaissances ou nos croyances pourrons à elles seules combler notre soif de relation. Le monde matérialiste nous invite à l’enfermement alors que le niveau spirituel appelle à l’ouverture. Comme si nous avions constamment à choisir cet espace d’entre-deux qui sépare la polarité créature de la polarité créateur. Nous ne sommes que des humains mais sommes appelés au divin. Cet espace intermédiaire fait effet d’espace transitionnel nous avons à y naviguer sans carte mais nous y sommes constamment radio guidés. Le niveau matériel nous incite à collaborer c’est à dire à nous soumettre, à être concerné ce qui signifie souvent entendre sans répondre ou constater sans agir. Dans ce monde nous communiquons en adressant des messages aux autres sans prendre soin de vérifier s’ils souhaitent nous entendre ; comme un lien à sens unique qui ne serait tenu qu’à une extrémité. Le créateur nous invite à entrer dans le Royaume à coopérer avec Lui pour créer l’Œuvre qu’il nous offre. Nous ne sommes plus dans la soumission collaborationniste mais dans le consentement mutuel, la communication sera remplacée par le partage avec une mise en commun des ressources. Dès lors il n’est plus suffisant d’être concerné il faudra s’impliquer. Il s’agit d’une véritable conversion de l’énergie qui n’est plus tourner vers l’ego, l’enfermement mais vers l’ ouverture qui se manifeste dans l’abondance de l’abandon. Pour effectuer ce changement énergétique nous avons à passer par le passage obligé du pardon. Ce mot signifie donner au-delà, donner encore, don que l’on se fait à soi-même. Le pardon fait partie du processus de deuil il nous offre la possibilité de changer notre regard sur le monde et sur nous-même. Ainsi nous pouvons accepter les limites de notre nature humaine aller vers l’autre alors même que nous sommes impuissant à le sauver mais simplement être là pour témoigner de notre appartenance humaine.

Soif de rencontre

Le silence n’existe pas parce que Dieu est là en attente de la réponse de sa créature qu’il appelle à coopérer dans sa création. Le silence n’est pas le vide, il est l’absence de turbulences que l’on découvre dans les bras du Père. Dans ce silence il est possible d’entendre son appel. " Je me tiens à la portes et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je mangerai avec lui et lui avec moi." (Apo. 3-20). La non réponse à cet appel est une souffrance réciproque pour Dieu et sa créature.

V. Frankl affirme qu’au cœur de l’inconscient humain une place inviolable est réservée au divin. C’est dans cet espace tranquille et sûr que peut s’effectuer la rencontre. Pour accéder à ce lieu, qui pourtant nous habite, nous avons besoin de calme loin du bruitage du "monde". Pour certains il faudra aller au désert pour se trouver, au milieu du bric-à-brac de vies trop remplies. La rencontre passe parfois presque inaperçue, un jour on découvre que Dieu est là dans ce lieu tranquille et sûr. Pour y parvenir il suffit d’entrer dans l’Amour. Accueillir la vie comme elle vient nous met sur la juste longueur d’onde pour entendre Sa voix en nous. La rencontre se manifeste par l’unification de l’être une sorte de coopération interne où les niveaux de sens sont en inter connexion. Le corporel, le psychologique et le spirituel ont fait ensemble leur parcours de deuil pour accéder à l’Offrande. L’homme qui se donne peut enfin s’appartenir puisqu’il peut s’offrir. Donner et recevoir sont la richesse du partage. L’acceptation de cette situation apparemment contradictoire, puisque que l’on s’enrichit de ce que l’on donne ouvre à la préhension de véritables mystères embusqués à tous les coin de notre vie. La quête de sens ne fait pas l’économie du doute et de la révolte. La colère de la révolte est signe d’attachement donc d’amour. Nous avons à vivre cette ambiguïté sans nous enfermer dans l’un ou l’autre.

Soif de création

L’humain est un être relationnel qui a besoin d’attachement pour vivre. Pas d’attachement pas de vie. Cela se manifeste aux plans physiques, psychologiques et spirituels par une soif d’appartenir à l’œuvre de l’univers comme un petit morceau de pâte de verre dans une mosaïque ; chaque créature a sa place. L’œuvre serait différente si un seul morceau venait à manquer. Dans l’appartenance aussi nous avons à faire face à une situation paradoxale puisque qu’il faut s’attacher alors même que nous aurons à nous séparer. Cette invitation à être co-créateur du monde dans lequel nous vivons est la plus grande preuve d’Amour et de liberté que puisse nous faire Dieu. La quête des pouvoirs est bien futile quand nous sommes inviter à partager le projet divin sur l’humanité. Une telle habilité à répondre exige de ne pas parler pour Dieu mais de lui faire une place pour l’entendre une sorte d’échange où dialogue et silence occupent l’espace intérieur.

A chacun d’entre nous il appartient de nous mettre au service de la vie, la notre et celle de ceux que nous rencontrons. La vie ne nous appartient pas, elle nous traverse malgré nous. Nous en sommes tout juste dépositaire comme un facteur livrant une lettre d’amour ; il n’en est ni l’auteur ni le destinataire. La vie n’est pas une maladie sexuellement transmissible mais le plus précieux des don. Pendant ce temps de vie nous pouvons exercer librement les possibilités de subir notre destin dans la résignation ou le refus ; ces deux attitudes sont de l’ordre de la collaboration et de la contrainte. Nous pouvons aussi entrer dans l’acceptation et la participation ce qui nous rend partenaire de l’œuvre de notre vie. Nous entrons alors de plein pied dans la coopération notre énergie s’investit dans "être" plutôt que "faire" et nous avons le plus doux des associé. "Que ta volonté s’accomplisse, Seigneur".

Grâce et humilité

"Quand les montagnes chancelleraient, quand les collines s’éloigneraient, mon amour ne s’éloignerait pas de toi". La fidelité de Dieu est constante à l’égard de sa créature nous savons qu’il fait toujours le premier pas à nous de le reçevoir dans ce que nous vivons au quotidien avec humilité, ce mot qui signifie près de l’humus, de la terre. Point n’est besoin de nous avilir il nous est juste proposé d’accepter d’être aimé ce qui nous donne la possibilité d’aimer en retour. L’accueil de la grâce se résume à la liberté de dire oui.