Accueil du site > Publications > Les critiques

Les critiques


Sélection de livres
Si vous éditez une publication associative ou lucrative vous pouvez utiliser ces recensions in extenso dans vos pages sans avoir à payer de droits d’auteur mais cela à trois conditions :
• ne pas modifier le texte.
• mentionner mon nom : François PAUL-CAVALLIER en tant qu’auteur de ces textes.
• m’adresser un exemplaire de votre publication.
Bien sûr si vous mentionnez l’adresse de mon site internet http://f.paul.cavallier.free.fr cela me fera plaisir et concrétisera un échange équitable tout en fournissant à vos lecteurs la possibilité d’accéder aux articles publiés et aux anciennes recensions.

Manuel de relation d’aide, l’accompagnement spirituel et psychologique par Jacques et Claire Poujol, éd. Empreinte temps présent. 195 pages 148F. On estime qu’une personne sur deux a besoin au moins une fois dans sa vie d’avoir recours à la "relation d’aide" pour sortir d’impasses entre les niveaux : spirituel, psychologique, ou somatique. La demande est très étendue car elle couvre à la fois les champs du domaine social, que ceux de la pastorale quelle qu’en soit la confession, que le domaine de la psychothérapie et de la psychologie. Certains professionnels sont préparés au cours de leur formation à la "relation d’aide" d’autres sont fort dépourvus d’outils autres que ceux du champs technique où ils exercent sans parler des bénévoles qui se lancent généreusement avec leur seule bonne volonté comme bagage au risque de commettre des erreurs dommageables tant pour eux que pour ceux qu’ils veulent aider. Ce manuel, d’une manière très accessible reformule les principaux outils nécessaires à l’accompagnant et pose très justement les limites de chaque rôle pour éviter de s’aventurer hors de ses compétences qui est le principal écueil d’une bonne volonté mal éclairée.
L’estime de soi retrouvée de Jeff Van Vonderen, éd. Empreinte temps présent. 205 pages 72F. La honte est un frein à la vie, ne pas s’aimer soi-même altère la relation aux autres. L’auteur est pasteur, il propose une exploration de ces blessures qui font parcourir la vie comme assis dans un bus en regardant vers l’arrière. Avec rigueur et honnêteté les dysfonctionnements générateurs de blessures et de honte sont identifiés comme venant d’abus de la famille, de l’école, de l’Eglise. La problématique est très justement analysée, les solutions efficaces mais la marque confessionnelle omniprésente risque de limiter la lecture de cet ouvrage aux croyants alors que tous y trouveraient des réponses et une aide. On peut aussi regretter que ce livre ne comporte aucune bibliographie à laquelle se référer pour approfondir le sujet avec des bases de psychologie plutôt que bibliques.
Sont-ils heureux loin de nous ? de Nicole Fabre, éd. Fleurus. 190 pages 59 F. Au commencement il y a eu quoi ? Quelques instants sont nécessaires avant la réponse, qui, elle provoque un long silence : au commencement il y a eu la séparation. Nous connaissons bien les quatre émotions de base qui occupent chaque instant de notre vie. La peur tente de nous faire éviter le danger, la tristesse nous permet d’exprimer la douleur de la perte, la colère est une ultime tentative pour faire revenir l’objet perdu mais qui sait comment nous découvrons et apprenons à vivre la joie ? Cette émotion merveilleuse est le fruit des retrouvailles ; l’enfant mis au berceau passe par l’une ou les trois émotions précédentes mais lorsque que le visage de sa mère revient au dessus de lui il ressent de la joie. La joie, fruit des retrouvailles, nous indique qu’il faut être passé par la souffrance de la perte pour ressentir son plaisir. Un livre écrit dans un style poétique et tonique loin des souverains poncifs de la psy qui montre que la séparation fait vraiment partie de la vie. Un livre qui porte un regard sur une multitude d’aspects de la vie des enfants.
Ces ados qui nous prennent la tête de Jean Marie Forget, éd. Fleurus. 180 pages 59 F. L’adolescence ça craint…pour celui qui la vit en premier lieu mais les adultes autour sont loin d’être épargnés les situations tiennent plus souvent du rodéo que de la randonnée de découverte tant les nouvelles règles du jeu sont paradoxales et contradictoires. Mais l’adolescence n’est pas une maladie, où si c’est le cas on en guérit généralement au bout de quelques années. Car le "catastrophé" qui signifie "cul par dessus tête" ne peut durer toujours, il y a un moment où les lois de la gravitation reprennent leur droit. Le présent qui proclame "du passé faisons table rase" se sédimente un jour et devient lui-même du passé il faut alors accepter de commencer à écrire une histoire, à faire trace. Le corps répond à des cycles, le temps reprend ses marques. Le cycle de l’autonomie qui a permis au petit "paillasson" de devenir "hérisson" le mène doucement vers "polisson" qui est le prélude "d’unisson". La collection "le métier de parents" dans laquelle est publié ce livre donne accès à la psychologie sans gros mots mais avec des exemples explicites.
Voir Hélène en toute femme, texte de Barbara Cassin peintures de Maurice Mathieu, éd. Les empêcheurs de penser en rond. 208 pages 250F. Un tel titre semble tenir du simple pléonasme tant Hélène incarne la femme ! Comme Eve elle a joué avec la pomme ce qui a coûté fort cher à son entourage. Si pour la première on peut parler de "funeste côtelette", pour la seconde le cri de "fais-moi un cygne" poussé par Léda a eu des conséquences meurtrières pour sa descendance. Hélène au centre d’une machination des Dieux où séduction, duplicité, trahison se mêlent sans cesse montre que la zoophilie du dieu des Dieux a toujours des conséquences fâcheuses pour les mortels. Hélène chienne et souveraine est la plus innocente des coupables, elles ouvre son manteau et fait tomber les glaives qu’elle a elle-même contribué à dresser. "Mais est-ce ma faute ? Moi, la fille d’un oiseau, est-ce que je puis être autre chose qu’une cocotte ?" (Offenbach, La Belle Hélène). Un tel personnage ne peut que passionner les psychanalystes, les philosophes et les érudits, il marque de son empreinte l’humanité tout entière car on retrouve Hélène dans Marie-Madeleine, putain et docteur de l’Eglise mais aussi dans B.B.. C’est un beau livre, le travail du peintre au moyen de calques ouvre à la métaphore continue entre image/magie sur le thème de la plus célèbre femme de l’Occident après la Vierge Marie.
Ouvrir Vénus de Georges Didi-Huberman, éd. Gallimard. 150 pages illustrées 155 F. On doit à cet auteur, philosophe, historien d’art plusieurs ouvrages pour nourrir les psy de toutes les obédiences "La peinture incarnée", "Ce que nous voyons ce qui nous regarde" . Autour du tableau "La naissance de Vénus" suivi de "La chasse infernale" de Sandro Botticelli on découvre que la nudité idéale se trouve dépouillée de tout sentiment de désir car la nudité si elle nous touche, nous blesse. "La nudité rime avec désir, mais aussi avec cruauté" ainsi la nudité psychique s’approche de l’attrait du tranchant, nous retrouvons là une métaphore de la relation psychanalytique où le client se met symboliquement à nu devant un thérapeute qui tranche par ses interprétations offrant à son client le moyen de changer la charge émotionnelle des souvenirs de son passé. Dans le nu l’image du corps se présente tout à coup aux regards, comme si le mouvement de dénudation, ôter le vêtement, devait se prolonger au delà et , donc, atteindre le vêtement de la peau. A ce moment la nudité révèle son "ouverture à tout le possible".
Vives campagnes, collectif N° 194, éd. Autrement.220 pages 120 F.Le monde rural est un biotope menacé depuis la révolution de 1789 où la campagne était le lieu d’habitation de 80% de la population nationale, l’exode n’a pas cessé. Si on imagine une projection graphique du tissu humain reporté sur le territoire les campagnes pâlissent alors que les citées foncent au delà de la saturation. Le questionnement politique du destin lié au sol, au village, à l’Eglise semble absent. Seul semble prendre le pas la perception d’un destin national globalisant au service d’une rentabilité économique qui vide les campagnes pour remplir des villes où les anciens campagnards s’entassent. Ce numéro de la collection Mutations nous invite à inventer de nouveaux modes de relation entre le travail et la terre afin de conserver un patrimoine rural qui n’est autre que nos racines. Qu’en est-il de l’arbre dont les racines disparaissent ?
Vivre heureux en couple de Jacques et Claire Poujol, éd. Empreinte temps présent. 290 pages 120F. Tout ce qui peut se passer dans la relation de couple, ou presque, est abordé dans ce livre très concret. Le titre est "trompeur" , on pourrait penser qu’il contient un ensemble de recettes garantissant le bonheur conjugal, en fait y sont analysées les principales difficultés que rencontre la vie à deux avec quelques conseils pour favoriser une situation viable puis heureuse. Ce qui est important de cet ouvrage est la responsabilité qu’il renvoie à chaque partenaire de la relation, cette dernière est toujours partagée et n’appartient jamais à un seul. Tous les aspects et la responsabilité de la vie à deux sont à partager équitablement. Le couple est un jardin en transformation continue, c’est au quotidien que chaque partenaire doit s’y rendre pour y œuvrer et s’y impliquer sinon les ronces s’y installent. Le couple source de bonheur est un cadeau que l’on se donne réciproquement.
Mille images d’évangile de Jean-François Kieffer, éd. Les presses d’île de France. 222 pages + un CD ROM 139 F. Illustrer les principaux messages évangéliques pour les rendre disponibles aux paroisses et à la catéchèse sans droits, c’est la vocation du diacre Jean-François Kieffer.. Ces images sont parlantes et simples c’est un cadeau pour la communauté chrétienne. Un chapitre apporte de judicieux conseils de mise en page et explique les possibilités de combinaison des dessins. Deux tables, l’une biblique l’autre thématique, permettent de retrouver rapidement les illustrations appropriées pour chaque texte. Les 700 dessins (format TIF) du CD-ROM sont exploitables à partir de tous les logiciels Mac ou PC permettant d’insérer des images. Une idée et une réalisation qui méritent la gratitude.
Sortir d’une secte de Tobie Nathan et Swertvaegher, éd. Les empêcheurs de penser en rond. 312 pages 24 ¤ On a beaucoup écrit sur les sectes et sur les phénomènes sectaires mais c’est la première fois que l’on visite de l’intérieur le mécanisme sectaire du côté de l’antidote et de la tentative de réparation. Études de cas, élaborations de stratégies sont citées aux mêmes titres que les exemples de procédures d’emprises par des groupes organisés ou des "psychothérapeutes" sans déontologie, qui n’hésitent pas à justifier des passages à l’acte pour ligoter leurs clients dans leur toile. Certaines approches des sciences humaines dépourvues de cadre déontologique dès leur fondement, véhiculent cette absence de règles dans leur enseignement et malheureusement ce sont souvent des mêmes dont il est question comme si la carence de loi y était inscrite pour toujours. "Ce qui marque le début des choses influe toujours sur la suite des choses. A lire absolument par les professionnels du soin et de la déontologie. Un détail important : la mise en page, le corps et la police de caractère en font un ouvrage très agréable à lire laissant de la place dans les marges pour prendre des notes.
La mort confisquée de Christian de Cacqueray, éd. C.L.D. 140 pages 13 ¤ Essai sur le déclin des rites funéraires. L’urbanisation, le changement des modes de soin, font que la mort se produit majoritairement à l’hôpital. Mais ce lieu inhospitalier n’est pas conçu, ni le personnel préparé pour donner du sens à la mort. Les soignants sont là pour soigner, autrefois les rites funéraires entourant le décès étaient dévolus à la famille et aux proches du défunt. En quelques décennies, tout cela s’est perdu. Il en résulte un immense appauvrissement de l’élaboration du sens autour de la mort et du mourir avec des conséquences significatives sur le travail de deuil. Bien au-delà de la croyance religieuse dans une après vie, les rites funéraires et les gestes rituels pour honorer un cher défunt sont un réconfort pour les vivants. Les rites sont des gestes qui aident à vivre les moments de douleur puis à cicatriser la blessure de la perte. Ce livre fournira des informations sur les "modes" funéraires contemporaines avec leurs carences et leurs outrances ; il ouvre à une réflexion à froid avant d’y être confronté réellement. Il invite à prendre des options plus justes en lien avec des traditions qui bien qu’elles aient évolué au cours des siècles, fondent notre culture.
Petit traité de la compassion de Vincent-Paul Toccoli, éd. Factuel 110 pages 14 ¤.. Il est impossible de parler de ce livre autrement qu’en le citant lui-même, tant il est concis et la compassion insaisissable ! "La compassion n’engendre, il est vrai ni brasseurs d’affaires, ni jeunes cadres aux dents longues, ni skinheads, mais plutôt des François d’Assise, des Vincent de Paul et des Thérèse d’Avilla ! Et ces gens-là semblent avoir été tout, sauf naïfs, faibles ou "sensiblards"… C’est un chemin oublié, perdu, peu emprunté…Il est envahi par toutes les herbes folles de l’impatience, de l’efficacité et de l’insolence. (…) Chemin de terre battue où le promeneur s’aventure à ses risques et périls dans les défoncements et les fondrières. Quand il pleut, on patauge et pendant la canicule, on s’y tord les chevilles. Il faut savoir où l’on met les pieds !"
L’intime civilisé, Sexualité privée et intérêt public collectif sous la direction de Jean-Marie Sztalryd, éd. L’Harmattan 150 pages. Aujourd’hui on montre aisément des images du fait sexuel, la publicité en est le premier promoteur. Mais toutes ces stimulations lâchées tous azimuts ne sont pas anodines, elles génèrent des gestes et des prises de positions individuelles quant à la sexualité privée. Comment se positionner, se sentir dans la "norme" acceptable face à une représentation du sexuel irréaliste ou erronée qui nous harcèle au quotidien ? Les conséquences de notre sexualité s’inscrivent dans le politique et le social après s’être inscrit dans notre vie somatique. Ce collectif aborde la sexualité par ses différentes facettes en gardant comme fil rouge que le jardin privé n’est pas un jardin public.
Le chrétien devant la maladie, la souffrance et la mort de Jean-Claude Larchet, éd. Cerf 280 pages 22¤.. Les grandes questions posées par les épreuves de la vie sont là, examinées à la lumière des fondements de la théologie et de la patristique. L’auteur connaît la psychopathologie, ce qui lui permet d’analyser les liens qui peuvent exister entre les maladies mentales et les maladies spirituelles. Les causes spirituelles de la dépression sont abordées ainsi que la notion d’inconscient spirituel. Encore une fois, nous avons l’exemple que les scientifiques ont laborieusement gravi la montagne du savoir pour y découvrir au sommet, les théologiens qui les y attendaient depuis quelques siècles.
Enseigner : une affaire de personnalités de Béatrice Bailly, éd. Nathan pédagogie, 190 pages. A tous ceux qui ont eu des pédagogues en bois, de la langue à la règle qui servait à taper, ce livre sera une révélation. Une très large proportion d’échecs scolaires vient du fait que l’enseignant parle une langue étrangère pour l’élève. La transmission d’une information dépend plus du processus employé pour la transmettre que du contenu de l’information elle-même. Antoine de La Garanderie a développé la gestion mentale pour apprendre aux enseignants le cheminement de la pensée dans la tête de chaque élèves. L’apprentissage se fait par séquences, il y a une porte d’entrée, une porte visée qui est la finalité de l’apprentissage mais aussi une porte piégée qu’il faudra soigneusement éviter si on ne veut pas aboutir à l’impasse. Taibi Kahler a lui aussi travaillé sur les canaux de communication, sa démarche de clinicien lui a fait d’abord identifier la structure psychique du sujet construite autour des blessures de son enfance mais aussi de ses joies. Il a modélisé des formes de communications s’adressant à chaque type de personnalité destinataire du message. Si le prof est un bon élève en Process Communication le transfert de savoir glissera de l’enseignant à l’élève sans problème. Un livre bien construit, on peut juste regretter que la centration exclusive sur la Process Communication par l’auteur n’ait pas ouvert quelques passerelles vers d’autres approches qui aideraient bien les enseignants comme la Gestion Mentale ou la Visualisation-Symbolisation qui sont plus légères à mettre en œuvre.
Stériliser le handicap mental ? Collectif sous la direction de Nicole Diederich, éd. érès, 260 pages. La question aujourd’hui reste une bascule entre l’eugénisme et le respect sans discernement du droit à procréer. Ces deux polarités en proposant des solutions radicales évitent l’élaboration d’une pensée et d’une éthique qui prennent en compte des réalités pratiques individuelles et sociales pour ces personnes en difficultés de vie. On ne peut répondre à la souffrance par des solutions définitives. Des parents d’adultes handicapés témoignent au côté des professionnels de l’éducation spécialisée. Dans un sujet si complexe toute simplification est un immense danger, la stérilisation peut résoudre le risque de grossesse en cas de violences sexuelles mais il n’apporte aucune solution aux problèmes des violences sexuelles. La stérilisation pourrait rendre la personne handicapée mentale encore plus vulnérable. Cet ouvrage est important, il nous parle de responsabilité, c’est à dire de réponses, que nous avons à donner dans le cadre de la parentalité mais aussi de la part de responsabilité que nous avons à faire prendre en toute proportionnalité à ceux et celles qui sont concernés : les handicapés.
Bébés et Parents dans l’eau de Catherine Potel, éd. érès col. Mille et un bébés, 125 pages. L’eau comme contenant en apesanteur de notre corps oblige à une réorganisation de notre schéma corporel. L’effet de rupture force la prise de nouveaux repères pour ouvrir vers une nouvelle impression de la carte corporelle. Catherine Potel est déjà auteur d’un ouvrage très intéressant sur ce sujet "Le corps et l’eau, une médiation en psychomotricité" qui concerne l’intervention psychomotrice en milieu aquatique. Dans ce petit livre consacré aux bébés et aux liens qualitatifs qu’ils construisent avec leurs parents dans l’eau, vous découvrirez des opportunités d’analyse des interactions, des projections et autres parasites entre parents et enfants quand il s’agit de symboliser la séparation et d’anticiper l’autonomie.
Ces bébés passés sous silence, de Frédérique Authier-Roux, éd. érès col. Mille et un bébés, 68 pages. L’époque n’est plus de mise de polémiquer sur les dommages de l’IVG la loi a recouvert tout cela d’un voile de banalisation et de silence ordinaire. On peut maintenant parler des séquelles causées par les interruptions thérapeutiques ou médicales de grossesse. Mais il s’agit toujours de mort d’un petit d’homme avec toute la souffrance que provoque la perte des attachements physiques, psychiques et spirituels. Le deuil périnatal est un monde de fantômes terrifiants. Mon expérience clinique m’oblige à associer tous ces bébés trop souvent partis sans avoir été vus, touchés, montrés aux parents, à la fratrie, aux grands parents. Comment quitter, donc être quitte avec ces enfants qu’on n’a parfois même pas nommés ? C’est ce silence sans fond qui est le plus toxique qui fait que le deuil dure sans fin, que la fausse commune reste toujours ouverte. Petit livre chargé pour donner une juste place à la mort au cœur de notre vie quotidienne. Ce livre pourrait être dédié à tous ceux qui porte comme prénom "Grossesse"
Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob, 210 pages. Notre histoire n’est pas un destin. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera plus demain, nos souffrances nous contraignent à la métamorphose. Si nous ne glissons pas dans le dolorisme de la victime qui mène dans l’ornière de croire que la souffrance donne des droits pour manipuler l’entourage, nous apprenons vite à transformer le malheur en épreuve. "Si l’un fait baisser la tête, l’autre la relève". La souffrance quand on a l’occasion de lui donner du sens devient fondatrice. Boris Cyrulnik en est un vivant exemple, depuis quelques années il se passionne pour la résilience individuelle des enfants. La résilience est une capacité de survivre au pire, il découvre qu’elle se tricote, c’est un tissage de milliers de déterminants pourvu que l’enfant trouve des points d’appui et des liens qui étayent l’absence de la mère est parfois moins dangereuse que la séparation. La grande découverte est "qu’une défense victorieuse ne coûte que quelques oxymorons" (figure de style qui réunit des mots contradictoires). "L’oxymoron décrit une pathologie de la coupure du lien qu’il faudra renouer, alors que l’ambivalence désigne une pathologie du tissage du lien". En livrant brutalement le conflit de la blessure de l’âme l’oxymoron énonce que même blessé il n’y a pas de choix, il faudra être heureux quand même ! Plus qu’un livre donnant des recettes de survie pour faire une relecture de son histoire, Boris Cyrulnik nous offre là un formidable modèle conceptuel pour aborder la thérapie des traumatismes. Les séquelles ne viennent pas toujours des gestes qui ont menacés la vie mais plus souvent des carences occasionnées par les moments de rupture de lien pour préserver la vie.
Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres, Nina Canault, éd. Desclée de Brouwer. 162 pages 98F. "Tant qu’un traumatisme n’est pas assumé, il est toujours vivant. Un traumatisme mental est un événement que nos structures psychiques n’arrivent pas à digérer. Un événement monstrueux, effrayant. Quelque chose dont les mots ne peuvent pas rendre compte. On ne peut en parler, c’est la peur, l’effroi ou la honte ! Et lorsque la honte d’y avoir été impliqué interdit d’en parler, alors on enferme cet événement traumatique dans une explication mensongère, et c’est cet événement enterré dans un mensonge qui se transmet de l’inconscient des parents à celui des enfants, et engendre ce que la psychanalyse contemporaine appelle un "fantôme". Ce processus de transmission transgénérationnel est l’objet de recherche approfondies car les "mines" peuvent rester actives très longtemps. Ceci n’a rien à voir avec la réincarnation ou le karma.
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce sujet : N. Abraham & M. Törok, "L’écorce et le noyau", éd. Flammarion, F. Paul-Cavallier, "Les racines de nos branches", éd. de l’Ancre.
Blouses blanches, étoiles jaunes, Bruno Halioua, éd. Liana Levi. 276 pages 135F. Ce livre arrive à point nommé, son titre est un peu trompeur car il pourrait laisser entendre que l’univers médical est profondément antisémite, le mal n’est pas là, mais ce que nous montre cet ouvrage n’est guère plus honorable. Il s’agit de mercantilisme et d’un corporatisme honteux que l’on retrouve partout pour garantir les privilèges des médecins en France. C’est plus un livre sur le lobbying médical qui s’abrite derrière les courants d’idées en vogue dans les années trente jusqu’à la fin de la guerre, c’était les lois anti-étrangers puis anti-juives. Le Conseil de l’Ordre des médecins est un pur produit des lois de Vichy c’est lui qui est charger de préserver l’hégémonie des médecins sur le monde de la santé. En France les médecins ont le monopole absolu de la "guérison" ils s’insurgent contre toute approche qui pourraient démontrer qu’ils ne sont pas les seuls à guérir. Sous couvert d’assurer la qualité des soins par des diplômes universitaires c’est une politique d’exclusion et de suspicion qui est portée sur tout ce qui est étranger à une méthodologie médicale établie et tenante du pouvoir. Cette guerre d’exclusion s’est exercée et continue envers les acuponcteurs, les homéopathes, les ostéopathes, les opthométristes, les psychanalystes, les psychothérapeutes. Il s’agit pourtant de deux approches différentes et incomparables. Prochainement un projet de loi présenté par Bernard Accoyer préconise que seuls les détenteurs du titre de médecin psychiatre ou d’un diplôme de troisième cycle en psychologie sont habilités à pratiquer la psychothérapie mettant ainsi hors de leur chasse gardée les milliers de psychothérapeutes psychanalystes ou appartenant à d’autres approches qui exercent depuis des décennies en France sans coûter un centime à la Sécurité Sociale car ils ne sont pas remboursés. Un médecin psychiatre est formé aux soins au moyens des médicaments psychotropes, un psychologue est formé à l’évaluation au moyen de tests ; ni l’un ni l’autre n’est formé à la psychothérapie telle qu’elle est pratiquée par les praticiens non médecins. La psychanalyse, l’analyse transactionnelle, la bioénergie ne sont pas enseignées à la faculté c’est peut-être dommage mais les psychothérapeutes qui se distinguent par une démarche de psychothérapie approfondie sur eux-mêmes et une durée d’études souvent plus longue que les médecins ne prétendent pas pratiquer la psychiatrie ou la psychologie ce sont des approches différentes et incomparables il est normal que leurs études soient différentes. En lisant "Blouses blanches, étoiles jaunes" il est difficile de ne pas s’interroger sur qui seront les porteurs des prochaines "étoiles jaunes" pour protéger le mercantilisme corporatif, maintenir l’hégémonie d’une profession sur une autre et ainsi éviter le métissage des cultures, des approches comme il y 60 ans ont été interdit d’exercer et forcer à partir les médecins roumains, polonais et juifs qui avaient les mêmes diplômes que leur confrères français mais qui faisaient concurrence aux médecins de "bonne souche nationale".
Somnambulisme et médiumnité, le défi du magnétisme, Bertrand Méheust, éd. Les empêcheurs de penser en rond. Tome 1 & 2, 600 pages 140F chaque. Ces deux volumes représentent un travail considérable pour tenter de comprendre les états modifiés de la conscience, base de toute approche de la psychosomatique et de la relation entre les inconscients. Mais 1200 pages c’est comme l’éternité c’est long surtout vers la fin ! La porosité de certains sujets capables de médiumité de somnambulisme et de télépathie est plus souvent une pathologie des frontières du Moi qu’un don. L’hypnose est une hyper-communication ou l’utilisation optimum du transfert, avec un tel outil, nombreux sont les raccourcis et les chemins de traverse qui échappent à l’analyse. Depuis que Sigmund Freud a renoncé à utiliser l’hypnose personne n’arrive à en expliquer le phénomène, pourtant elle hante toutes les pratiques de soin à commencer par la médecine. Un coup de chapeau à l’éditeur Ph. Pignarre qui met à la disposition du public une telle mine d’informations. A lire aussi chez le même éditeur "Médecins et sorciers" de Tobie Nathan et Isabelle Stengers, juste 160 pages 39 F.
La sexualité pas à pas, Una Morton et Christopher Leith, éd. Erès. Vidéo et le livret 550F. La sexualité des adolescents handicapés mentaux quel que soit le degré de handicap, demande une approche spécifique et sur mesure pour chacun au mieux ou par groupes homogènes. La préparation à la vie sexuelle de ces personnes ne peut pas être abordée comme pour les autres jeunes. Ils ont un regard différent sur eux-mêmes, sur les autres, sur le sens et la portée de leur actes. Les handicapés des deux sexes sont par ailleurs des proies faciles convoitées par toute sorte de prédateurs sexuels ; il convient de commencer par apprendre à se protéger en évitant des comportements qui pourraient être interprétés comme des invites. Les personnes handicapées ont souvent des difficultés à distinguer les parties du corps qui sont publiques de celles qui sont privées pour avoir été trop longtemps traitées comme sans sexualité et corporellement touchées sur leur corps jusqu’à un âge avancé où normalement un enfant est autonome. Fréquemment l’absence de filtres sociaux rend les rencontres hasardeuses ; il faudra apprendre à différencier les personnes connues souriantes des inconnues dont le sourire ne signifie pas la bienveillance. Ces vidéos très pédagogiques s’adressent à des personnes encadrées qui peuvent aborder dans la sécurité un sujet aussi sensible. Elles ne font pas l’économie du travail éducatif inscrit dans la relation avec les éducateurs ou accompagnants. Un choix a été fait d’aborder l’ensemble des aspects de la sexualité et des pratiques sexuelles pour ne rien laisser dans l’ombre les gestes sont effectués réellement sur des marionnettes, ce qui permet la distanciation sans éluder les aspects techniques en évitant toutefois l’associantion à la pornographie si des modèles vivants avaient été mis en scène. On peut regretter que les ministères concernés n’aient pas choisi d’aborder l’éducation sexuelle en milieu scolaire avec la même conscience et le même respect. Choix amoureux, Tim Greacen et Nicole Diederich, Vidéo et le livret 550F. Suite de la précédente.
Le musée imaginaire de Carl Gustav Jung, de Christian Gaillard, éd. Stock, 240 pages 390 F. L’art et ses œuvres parsèment l’univers de Carl Gustav Jung on pourrait même penser qu’ils lui servent d’étayage tout au long de son parcours et la construction de sa pensée. Ces pièces sont là réunies, mises en perspective avec les textes fondateurs de Jung. Nous découvrons aussi les réalisations personnelles de Jung comme artiste. Au delà de l’intrication entre l’art et les productions de l’inconscient se reposent les éternelles questions : qu’est-ce que l’art ? L’art doit-il être beau ? L’art, produit de l’inconscient reste-il axé sur le sens ? Un remerciement particulier à Christian Gaillard pour n’avoir pas répondu à ces questions qui restent ouvertes. —> Les événements des dernières années et particulièrement l’affaire Dutrou ont fait émerger une demande de psychothérapie d’abuseurs sexuels potentiels ou de personnes en attente de jugement pour des délits qui les ont laissés en liberté. Les psychothérapeutes en pratique libérale ont parfois moins d’expérience de ces cas, plus courant en institutions judiciaires. Nous avons lu pour vous quelques titres. Psychanalyse des comportements sexuels violents, Claude Balier, P.U.F col. Le fil rouge 253 pages 168 F. L’auteur développe de nombreux exemples cliniques à partir de cures de patients incarcérés. Il se dégage une "configuration psychique" aux confins de la psychose qui évolue sur un terrain bien spécifique. L’analyse des carences et traumas narcissiques à l’origine des comportements sexuels violents donne un éclairage sur la construction en "équilibre instable" aboutissant à un basculement soudain et imprévisible.
La personnalité de l’abuseur sexuel, Hubert Van Gijseghem, éd. Méridien Psychologie. 180 pages. L’intérêt de ce livre réside dans la tentative d’établir une classification à partir des délits ; bien sûr toute classification peut paraître arbitraire. L’intérêt est d’avoir des repères différenciés pour baliser un champs très vaste, souvent réduit par une réaction de jugement moral qui pousse à condamner l’horreur du délit plutôt qu’à comprendre le mécanisme qui y a abouti. Toute démarche curative et préventive passera par la capacité à identifier les pulsions et à les acheminer vers une production acceptable car l’abuseur n’est pas seul concerné, c’est tout le corps social qui est impliqué. L’aspect statistique des informations contenues dans ce livre invite à une remise en cause de l’attitude banalisante à l’égard de certaines préférences sexuelles qui ne concerneraient que la vie privée de chacun. Parmi les abuseurs violents hétérosexuels 30% sont pédophiles, et chez les homosexuels 80%.
L’enfant mis à nu, Hubert Van Gijseghem, éd. Méridien Psychologie. 286 pages 125 F. C’est le dernier volet de ce parcours, côté victime. Il concerne autant le représentant de la loi dans la recherche de la vérité face à l’allégation d’abus sexuel que les travailleurs sociaux ou les psychothérapeutes qui ont à discerner la réalité des faits et les fantasmes dont l’enfant est porteur. Car l’enfant comme fusible (point faible) du système est expert à produire les informations qui conviennent à son auditeur quand bien même il ne connaît pas toujours la signification de ce qu’il décrit. Pédophilie, prévenir pour ne pas avoir à guérir ! d’Yvonne Rousseau, éd. Jeunesse et droit. Ce mal pris dans un effet de mode est vieux comme l’humanité. Aujourd’hui on voit des pédophiles partout, ils sont plus nombreux qu’on ne voulait bien le laisser voir dans le monde de l’enfance et de l’éducation mais l’épidémie prend une ampleur toute médiatique. Au point que les juges aux affaires familiales trouvent depuis deux ans l’accusation de pédophilie dans la plupart des procédures de divorce. Des mères utilisant cette accusation mensongère se sont vues condamnées. L’auteur avec une expérience de vingt ans dans le domaine de la psychothérapie nous montre dans un texte bref que "qui veut fabriquer l’ange, fabrique la bête…" l’éducation sexuelle de l’enfant commence dès sa naissance en parlant de différence sexuelle, bien sûr mais aussi des pulsions que chacun peut avoir ou susciter. Le non-dit et le silence ne protègent pas, ils installent la désinformation nécessaire à l’exercice de la pédophilie.
L’autisme attrapé par le corps d’Alain Gillis éd. Mardaga, 150 pages. Un livre très stimulant comme on aimerait en rencontrer plus souvent dans le monde psy. L’auteur y montre une grande modestie ce qui est aussi une qualité rare dans la profession. A partir d’une observation des mécanismes d’autosuffisance installés par l’enfant autiste pour combler un vide relationnel l’équipe, dirigée par l’auteur, décide d’apporter une confrontation à l’enfant qui habituellement refuse le contact. Pinel et Esquirol avaient déjà utilisés l’enveloppement humide thérapeutique que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Pack ou Packing. Le patient enveloppé dans des draps humides et des couvertures vivra une régression qui déstructure le système d’autosuffisance et contraint à une réactualisation du schéma corporel. L’enfant autiste semble incapable de décider par lui-même de sortir de cette économie à minima qui occupe, aux moyens de stéréotypes, d’automutilations et de mouvements répétitifs, le champ de sa vie psychique. Comme si d’une manière autonome il pouvait produire les stimulations minimum nécessaires à sa survie sans pouvoir se motiver à passer dans une économie de richesses où il trouverait dans la rencontre avec l’autre un léger surplus indispensable à sa croissance. Les techniques de Holding thérapeutique sont une intervention intrusive au sein de cette économie à minima qui provoque le dérangement de cet arrangement autistique. C’est dans le meilleur des cas un des deux parents qui va prendre l’enfant dans l’étreinte du Holding lui permettant ainsi de renouer avec une colère originelle saine puis de se réinvestir dans le lien sur un arrangement nouveau. On ne peut s’empêcher de penser au travail de Konrad Lorenz dans le phénomène d’imprégnation des premiers instants de la vie où se met en place un marquage mnésique qui gardera le chemin du lien nécessaire à la croissance. Quand ce lien ne s’est pas établi, ou qu’il a manqué, la carence risque de s’installer avec tout son cortège de substitutions autosuffisantes. Le travail de Holding s’apparente à la démarche faite avec la bande plâtrée où le patient est invité à entrer dans une relation de confiance pour que l’on recouvre une partie plus ou moins grande de son corps avec de la bande plâtrée ; celle-ci chauffera puis durcira progressivement et gardera l’empreinte exacte de son corps dans une métaphore de coquille qui pourra ensuite être utilisée comme support au cours des séances de psychothérapie. Ce moyen d’appréhender la frontière entre ces deux espaces : le mien, dedans, le nôtre, que nous partageons, dehors, renvoient aux premiers instants avec la mère.
Enseigner : une affaire de personnalités de Béatrice Bailly, éd. Nathan pédagogie, 190 pages. A tous ceux qui ont eu des pédagogues en bois, de la langue à la règle qui servait à taper, ce livre sera une révélation. Une très large proportion d’échecs scolaires vient du fait que l’enseignant parle une langue étrangère pour l’élève. La transmission d’une information dépend plus du processus employé pour la transmettre que du contenu de l’information elle-même. Antoine de La Garanderie a développé la gestion mentale pour apprendre aux enseignants le cheminement de la pensée dans la tête de chaque élèves. L’apprentissage se fait par séquences, il y a une porte d’entrée, une porte visée qui est la finalité de l’apprentissage mais aussi une porte piégée qu’il faudra soigneusement éviter si on ne veut pas aboutir à l’impasse. Taibi Kahler a lui aussi travaillé sur les canaux de communication, sa démarche de clinicien lui a fait d’abord identifier la structure psychique du sujet construite autour des blessures de son enfance mais aussi de ses joies. Il a modélisé des formes de communications s’adressant à chaque type de personnalité destinataire du message. Si le prof est un bon élève en Process Communication le transfert de savoir glissera de l’enseignant à l’élève sans problème. Un livre bien construit, on peut juste regretter que la centration exclusive sur la Process Communication par l’auteur n’ait pas ouvert quelques passerelles vers d’autres approches qui aideraient bien les enseignants comme la Gestion Mentale ou la Visualisation-Symbolisation qui sont plus légères à mettre en œuvre.
Stériliser le handicap mental ? Collectif sous la direction de Nicole Diederich, éd. érès, 260 pages. La question aujourd’hui reste une bascule entre l’eugénisme et le respect sans discernement du droit à procréer. Ces deux polarités en proposant des solutions radicales évitent l’élaboration d’une pensée et d’une éthique qui prennent en compte des réalités pratiques individuelles et sociales pour ces personnes en difficultés de vie. On ne peut répondre à la souffrance par des solutions définitives. Des parents d’adultes handicapés témoignent au côté des professionnels de l’éducation spécialisée. Dans un sujet si complexe toute simplification est un immense danger, la stérilisation peut résoudre le risque de grossesse en cas de violences sexuelles mais il n’apporte aucune solution aux problèmes des violences sexuelles. La stérilisation pourrait rendre la personne handicapée mentale encore plus vulnérable. Cet ouvrage est important, il nous parle de responsabilité, c’est à dire de réponses, que nous avons à donner dans le cadre de la parentalité mais aussi de la part de responsabilité que nous avons à faire prendre en toute proportionnalité à ceux et celles qui sont concernés : les handicapés.
Bébés et Parents dans l’eau de Catherine Potel, éd. érès col. Mille et un bébés, 125 pages. L’eau comme contenant en apesanteur de notre corps oblige à une réorganisation de notre schéma corporel. L’effet de rupture force la prise de nouveaux repères pour ouvrir vers une nouvelle impression de la carte corporelle. Catherine Potel est déjà auteur d’un ouvrage très intéressant sur ce sujet "Le corps et l’eau, une médiation en psychomotricité" qui concerne l’intervention psychomotrice en milieu aquatique. Dans ce petit livre consacré aux bébés et aux liens qualitatifs qu’ils construisent avec leurs parents dans l’eau, vous découvrirez des opportunités d’analyse des interactions, des projections et autres parasites entre parents et enfants quand il s’agit de symboliser la séparation et d’anticiper l’autonomie.
Ces bébés passés sous silence, de Frédérique Authier-Roux, éd. érès col. Mille et un bébés, 68 pages. L’époque n’est plus de mise de polémiquer sur les dommages de l’IVG la loi a recouvert tout cela d’un voile de banalisation et de silence ordinaire. On peut maintenant parler des séquelles causées par les interruptions thérapeutiques ou médicales de grossesse. Mais il s’agit toujours de mort d’un petit d’homme avec toute la souffrance que provoque la perte des attachements physiques, psychiques et spirituels. Le deuil périnatal est un monde de fantômes terrifiants. Mon expérience clinique m’oblige à associer tous ces bébés trop souvent partis sans avoir été vus, touchés, montrés aux parents, à la fratrie, aux grands parents. Comment quitter, donc être quitte avec ces enfants qu’on n’a parfois même pas nommés ? C’est ce silence sans fond qui est le plus toxique qui fait que le deuil dure sans fin, que la fausse commune reste toujours ouverte. Petit livre chargé pour donner une juste place à la mort au cœur de notre vie quotidienne. Ce livre pourrait être dédié à tous ceux qui porte comme prénom "Grossesse" Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob, 210 pages. Notre histoire n’est pas un destin. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera plus demain, nos souffrances nous contraignent à la métamorphose. Si nous ne glissons pas dans le dolorisme de la victime qui mène dans l’ornière de croire que la souffrance donne des droits pour manipuler l’entourage, nous apprenons vite à transformer le malheur en épreuve. "Si l’un fait baisser la tête, l’autre la relève". La souffrance quand on a l’occasion de lui donner du sens devient fondatrice. Boris Cyrulnik en est un vivant exemple, depuis quelques années il se passionne pour la résilience individuelle des enfants. La résilience est une capacité de survivre au pire, il découvre qu’elle se tricote, c’est un tissage de milliers de déterminants pourvu que l’enfant trouve des points d’appui et des liens qui étayent l’absence de la mère est parfois moins dangereuse que la séparation. La grande découverte est "qu’une défense victorieuse ne coûte que quelques oxymorons" (figure de style qui réunit des mots contradictoires). "L’oxymoron décrit une pathologie de la coupure du lien qu’il faudra renouer, alors que l’ambivalence désigne une pathologie du tissage du lien". En livrant brutalement le conflit de la blessure de l’âme l’oxymoron énonce que même blessé il n’y a pas de choix, il faudra être heureux quand même ! Plus qu’un livre donnant des recettes de survie pour faire une relecture de son histoire, Boris Cyrulnik nous offre là un formidable modèle conceptuel pour aborder la thérapie des traumatismes. Les séquelles ne viennent pas toujours des gestes qui ont menacés la vie mais plus souvent des carences occasionnées par les moments de rupture de lien pour préserver la vie.
La quête des pierres de Scott Peck, éd. Robert Laffont. 400 pages 149 F. L’auteur fut découvert du grand public par "Le chemin le moins fréquenté" qui par un jeu de mots avec la langue anglaise signifiait aussi un voyage sans route. Ici par le truchement d’une métaphore il raconte un périple à la recherche de mégalithes préhistoriques mais cette quête des pierres est un prétexte pour parler de sa propre vie et des étapes initiatiques que sont les épreuves, les rencontres de toutes sortes qui fondent notre vie par les réponses que nous leur donnons. C’est un livre qui permet un cheminement personnel. Les organes ƒ. a n°5, éd. Autrement, Collectif 300 pages 130 F. Quinze psychanalystes se penchent sur l’organe signifiant. Il n’est pas toujours un organe au strict sens anatomique ; ce peut être le sang d’encre ou le souffle coupé mais quelle richesse dans le fruit de nos entrailles ! C’est une quête d’identité au travers du rapport aux organes que chaque personnalité développe. La lecture psychanalytique n’a pour toujours la réputation d’être facile pourtant là, les choses semblent si simples l’organe zone investie, habitée, parle à celui qui est prêt à accueillir sa parole pour la décrypter. Un ouvrage stimulant qui maintient la réputation de qualité de cette collection.
Rêves de Printemps, l’art érotique en Chine, éd. Philippe Picquier, 200 pages 245 F. A l’entrée de l’hiver il est bon de croire au Printemps, saison des amours et des montées de sève, retour à la vie tout simplement. En Chine aussi on ne pense qu’à ça ! Seulement là bas les choses sont dessinées plus crûment et explicitement. Nos bâtiments publics, les monuments aux morts, nos musées sont remplis de scènes érotiques cachées sous des prétextes religieux ou mythologiques. En Chine on ne suggère pas le fait sexuel, il est là sous vos yeux dans sa raideur et dans les postures les plus acrobatiques. Finalement c’est simplement beau parce que cette expression du désir, cette recherche du plaisir est ordinaire. Cette banalité universellement partagée par tous les peuples est, là montrée comme la plus légitime des aspirations humaines.
Soleils de nuit de Loustal, éd. Casterman, 88 pages 150 F. Un genre de livre inclassable et pourtant il fascine. Entre la BD, c’est le genre de l’éditeur et le livre de peintre, c’est la profession de Loustal. Très peu de texte beaucoup d’images qui vous plongent dans l’interprétation solitaire, une sorte de mélancolie s’installe, on peut penser à la déprime on en caresse le seuil à chaque instant ; pourtant il y a une force qui maintient la vie à la surface comme si le futur incarnait l’espoir que demain ne sera jamais étranger à aujourd’hui.
Celui qui mène les fleuves à la mer de Cosey, éd. Lombard. 69 FF. Cosey a le Tibet au cœur, il réussit là une gageure avec une BD comportant une part importante de faits réels sur la situation d’occupation du Tibet, un scénario où les personnages gardent leur part de fiction, et une œuvre militante en faveur de ce peuple qui souffre. Les trois plans différents s’articulent parfaitement, il n’y a ni lourdeur ni pédantisme c’est un véritable plaisir peut-être un nouveau souffle pour la BD qui semblait sombrer dans le "destroy" et un genre "sexy permissif" où les personnages s’emboîtent comme des objets sans jamais se demander si leurs partenaires ou eux-mêmes sont des humains ?
Le pouvoir de négocier, s’affronter sans violence de François Delivré, InterEditions. Négocier n’est pas entrer dans une relation molle où il faudra renier ses besoins en échange de contreparties. Une négociation gagnant-gagnant est l’affrontement des besoins réciproques et la recherche du point où le maximum de besoins de chacune des parties est satisfait. L’Analyse Transactionnelle est la base théorique de ce livre, François Delivré est compétent pour faire passer les idées fortes qui charpentent l’esprit du négociateur. Heureux ceux qui ont la chance de travailler avec lui !
Les fous d’Abidjan, de Dorris Haron Kasco, éd. Revue Noire. Les fous en Afrique comme ailleurs sont la face cachée d’une réalité que l’on ne veut pas voir et que côtoie le quotidien ; leur nudité et leurs errements sont tolérés alors que dans nos contrées ils seraient enfermés pour impudeur. Ce photographe nous transmet ce monde étrange des marginaux dans un continent où l’imaginaire prime sur la matière et le rationalisme des occidentaux. Au delà du phénomène sociologique ce livre est le témoin de formidables créativités artistiques du continent africain à côté de laquelle nous passons sans y prêter regard. Pourtant la maison d’édition de la Revue Noire publie une magnifique revue et de nombreux ouvrages sur les artistes et créateurs africains.
Pédophilie, prévenir pour ne pas avoir à guérir ! d’Yvonne Rousseau, éd. Jeunesse et droit. Ce mal pris dans un effet de mode est vieux comme l’humanité. Aujourd’hui on voit des pédophiles partout, ils sont plus nombreux qu’on ne voulait bien le laisser voir dans le monde de l’enfance et de l’éducation mais l’épidémie prend une ampleur toute médiatique. Au point que les juges aux affaires familiales trouvent depuis deux ans l’accusation de pédophilie dans la plupart des procédures de divorce. Des mères utilisant cette accusation mensongère se sont vues condamnées. L’auteur avec une expérience de vingt ans dans le domaine de la psychothérapie nous montre dans texte bref que "qui veut fabriquer l’ange, fabrique la bête…" l’éducation sexuelle de l’enfant commence dès sa naissance en parlant de différence sexuelle, bien sûr mais aussi des pulsions que chacun peut avoir ou susciter. Le non-dit et le silence ne protègent pas, ils installent la désinformation nécessaire à l’exercice de la pédophilie.
« Quand la misère chasse la pauvreté » de Madjid Rahnema , éditions Fayard/ Actes Sud. 320 pages 24 €. Ce livre, qui nous concerne tous, est probablement l’ouvrage le plus marquant de la décennie. Il plonge au cœur des idéologies pour comprendre comment des sociétés autosuffisantes et prospères, en se transformant, ont vu s’installer la pénurie et la misère qui les ont menées à la disparition. La ruine se précipite par la révolte des affamés ou le poids que la population grandissante d’assistés fait peser sur les actifs. Tout cela nous concerne, le mal-être des thérapisants qui remplissent nos cabinets est en prise directe avec ces évolutions de société. La place de chacun du côté des nantis, des pauvres, des assistés ou des miséreux n’est certes pas sans nuances. Une réflexion approfondie sur ces mécanismes permet de se positionner et parfois de choisir une « bienheureuse simplicité » car au niveau du monde il est question de « vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre » ! Le luxe, le superflu privent les pauvres de l’essentiel pour les faire basculer dans la misère. Notre responsabilité est collective par la réponse de nous individuellement à travers nos choix de vie. Un livre puissant,plein d’espoir et de pistes pour le futur.
Guide pratique du malvoyant, Françoise Bosano, éditions Grand Caractère, 230 pages 20 €. Paradoxalement le handicap visuel ne concerne pas exclusivement les aveugles, souvent il vient s’ajouter à d’autres déficiences. Lorsqu’un texte exige une concentration accrue pour être simplement déchiffré l’essentiel de l’énergie est mobilisée dans cette tâche ne laissant que peu de vigilance disponible à la compréhension du sens. Ce guide composé gros caractères de corps 20 (les livres de poche sont en corps 12) fournit de nombreuses informations utiles à la personne qui voit sa vue décliner, quelle qu’en soit la cause, il permet de se préparer et de s’organiser. Les adresses d’associations ainsi que les sites Internet consacrés aux problèmes des malvoyants complètent l’ouvrage. L’éditeur publie de nombreux textes de la littérature en caractères de corps 16 et de corps 20 à retrouver sur son site www.grandcaractère.com
« Soigner à tout casser » de Véra Netelzang et Clara Frost, éd. Bernard Gilson, Bruxelles. 254 pages 16 €. Une médecine si loin de ceux qu’elle soigne qu’elle en vient parfois à perdre le sens de la vie. Telles les méthodes de procréation assistée qui donnent enfin un enfant à un couple après avoir cassé le délicat tissu conjugal à force d’intrusion dans l’intime de ce couple. Espace corporel, mis à jour, sorti de l’ombre de l’alcôve mais aussi contraintes imposées de rapports à heure fixe une vie programmée d’un cycle à l’autre.
Les électrochocs sont encore utilisés quand plus aucune molécule ne fonctionne. Mais les molécules sont aussi trop souvent utilisées sans avoir tenté les leviers de la relation, de la psychothérapie authentique qui permet de faire la vérité sur soi, de trouver non seulement pourquoi mais aussi comment on en est arrivé là. Un chemin qui responsabilise et ouvre à la découverte que l’on n’est pas toujours victime mais aussi complice de ce que l’on subit. La responsabilisation du patient a un effet d’écho : s’il accepte d’avoir participé à ce qu’il vit, il comprend aussi qu’il peut participer à sa guérison. Certes toutes les pathologies ne s’y prêtent pas, mais on ne peut nier que, depuis des décennies, elles portent leurs fruits. De surcroît elles ont l’avantage de ne rien coûter à la collectivité.
La définition d’un charlatan n’est-elle pas celle d’un praticien qui garantit la guérison suite à son traitement ? Le patient serait-il si étranger à sa trajectoire que seul le médecin soit habilité à définir ce qui peut le guérir ? Rien ne justifie la violence ; la médecine semble parfois attendre une aggravation suffisante pour pouvoir enfin la justifier. Un livre écrit par deux femmes qui ont vécu la violence « thérapeutique ». La collection « Je vous aime… » aux éditions le Sureau Chaque ouvrage 10 €. J’ai testé quelques exemplaires, il s’agit de recettes gastronomiques de tous les pays sur un légume ou un fruit ou éventuellement une viande. C’est un voyage gastronomique succulent, le plus souvent une invitation à consommer des produits bios. Lorsque les ingrédients d’origine ne sont pas disponibles dans nos contrées, il vous est proposé ce qui est le plus approchant ici. De quoi attendre les vacances gastronomiques avec l’eau à la bouche !
« Regard croisé sur l’adolescence » Pr Marcel Rufo et Marie Choquet, éd. Anne Carrière, 475 pages 20€. Le monde est en permanente mutation, de surcroît cette mutation s’accélère de manière exponentielle. L’adolescence que nous avons connue n’existe plus, rien ne peut être comparé tant les modes de vie et le contexte a changé. Certes l’adolescence reste un passage, un entre deux, un gué au milieu d’eaux plus ou moins troubles ou dangereuses. La clinique ne peut faire l’impasse sur tous les paramètres du contexte qui change la donne. La faillite partielle de l’école, le téléphone portable, le chômage institutionnalisé, les jeux vidéo et l’ordinateur sont autant d’interférences dans l’intervention thérapeutique qu’il faut prendre en compte. Si notre génération a appris à lire alors que la télévision n’existait pas, nous avons depuis eu une génération qui a appris à lire en même temps qu’elle regardait la télé et aujourd’hui nous avons des ados qui ont regardé la télé avant ou au lieu d’apprendre à lire. L’impact d’une éducation centrée sur l’image, c’est-à-dire un message direct sans élaboration ni mise à distance demande une relecture de la méthodologie thérapeutique.
En prison, récits de vie, Jeannette Favre, éd. l’Harmattan,188 pages 16,50 €. L’univers carcéral est un ailleurs méconnu chargé des fantasmes, de projections et d’à priori par ceux qui jouissent encore de la liberté extérieure. Point n’est besoin d’évoquer la faute commise pour disqualifier le souffrance qui enveloppe tout ce qui touche à la prison. La souffrance elle-même est emmurée, du côté du détenu qui oscille entre la culpabilité et la nécessité de se défendre devant le tribunal et devant la société qui réclame réparation. Du côté des familles de détenus, qui ont à la fois à soutenir le proche emprisonné mais aussi à cacher l’incarcération à tout leur entourage même le plus proche. Le poids de la honte et de l’humiliation s’ajoute le plus souvent aux difficultés financières car il faut entretenir le détenu et faire vivre le reste de la famille avec un salaire en moins. Reste les surveillants en tout le personnel pénitentiaire qui passe sa vie en prison, irradié d’une violence permanente pour assurer une charge de sécurité au nom de nous tous. La prison n’est pas seulement lieu de détresse où échouent ceux qui n’ont pas trouvé honnêtement leur place dans une société dépourvue de gratuité, c’est aussi la voie d’impasse de ceux qui ont choisi d’infliger la violence pour avoir plus de pouvoir. Pour appréhender cet univers, la compassion ou la bonne volonté angélique ne seront pas suffisantes, il faut être constamment sur ses gardes, savoir discerner. Jeannette Favre présidente de l’UFRAMA, association qui se consacre à l’accueil des familles de détenus partage avec nous son expérience d’assistante sociale en milieu carcéral pour nous permettre de différencier les actes commis de la personne incarcérée. Elle nous invite à une réflexion sans complaisance pour que la sanction et la peine infligées aux familles, aux détenus et à tous les acteurs de la prison, y compris les surveillants visent d’abord à donner aux détenus des appuis pour entrer dans une appartenance humaine qui leurs permettent de retrouver une digne place parmi nous. • C’est l’année de l’Inde, pour y avoir travaillé sur le plan humanitaire je vous ai fait une petite sélection d’ouvrages pour comprendre ce qui se trame dans ce continent et peut-être vous touche déjà.
La face cachée de l’Inde, Izzi Lokku, éd. Eyrolles, 127 pages, 14,90 €. Le moins que l’on puisse dire de ce livre c’est qu’il décoiffe ! L’auteur a recherché tout ce qui peut être le plus contradictoire ou surprenant pour nous faire découvrir les contrastes entre splendeurs et misère, douceur et violence en lisant cela vous y êtes déjà ! Vous avez des analyses médicales sang, selles urines, l’hôtesse du laboratoire flambant neuf de Neuilly ou de Londres vous annonce que vous recevrez les résultats dans quelques jours… le tout part pour l’Inde par le premier avion avec les résultats en temps réel via Internet. Là bas je me nourri pour 1 € par jour et nous nourrissons des enfants pour 1,20 € par semaine et par enfant !
Fous de l’Inde, Régis Airaut, petite bibliothèque Payot, 225 page 7,95 €. L’auteur est psychiatre attaché à l’ambassade de France il soigne les expatriés français mais voit aussi débarquer tous les ressortissants touristes ou routards qui décompensent, confrontés au séisme intime que provoque l’Inde sur eux. Car ce pays est un véritable « triangle des Bermudes » qui transforme en cas psychiatriques des voyageurs qui auparavant n’avaient jamais montré le moindre trouble. Bénarès lieu de mort pour nous occidentaux où flotte en permanence une odeur de « méchoui humain » est lieu de lumière pour les Indiens qui croient en la réincarnation. Alors ces corps boursouflés sur les brasiers qui crépitent ou ces membres qui flottent sur le fleuve Sacré suscitent chez le voyageur un sentiment étrange où se percutent des deuils anciens, les doutes de notre futur, la finitude humaine… le moi peut parfois craquer comme une noix. L’Inde aussi transforme, rares sont ceux qui s’y sont authentiquement baignés et qui n’y retournent pas. À lire avant de décider s’il est nécessaire de prendre une assurance rapatriement avant de partir !
Les rondes de Saint Antoine, Brigitte Sébastia, éd. Aux lieux d’être, 350 pages 30 €. En Inde plus qu’ailleurs les Esprits investissent les corps parfois ils sont appelés par ceux qu’ils habitent comme un propriétaire cherche un locataire, souvent ces entités squattent et s’imposent. La possession est une pathologie mentale que l’on croit aux entités ou non ; la psychiatrie a sa place dans un monde où le trouble est reconnu, elle perd de son levier thérapeutique quand le psychiatre ne lutte plus contre un mal mais contre des divinités maléfiques. Le corps à corps spirituel demande des challengers de même nature, ce sont les Saints qui vont se battre pour ramener le possédé dans le camp des humains. Le chamane le sorcier, le prêtre sont les intermédiaires qui vont mettre en relation les Saints et les Esprits maléfiques afin que la raison triomphe. N’est pas exorciste qui veut, la place de médiateur vous est avant tout donnée par les possédés eux-mêmes, ceux qui ont déjà maille à partir avec le diable. Les incantations et les prières servent à mobiliser le corps social du côté du possédé, elles ne protègent pas l’exorciste qui à chaque pas peut être happé par les forces maléfiques.
Les racines des palétuviers, Gaston Dayanand, Les éditions de l’atelier, 300 pages. Ce livre déjà ancien est le puissant témoignage que les pauvres sont une richesse plus précieuse que les opulents. Loin de la lutte des classes et des sempiternels slogans politiciens, ce livre nous montre la résilience à l’œuvre et la puissance fondatrice de ceux qui au jour le jour, surmontent les épreuves et en sortent plus forts grâce au partage et à la solidarité.
Les intouchables en Inde, Robert Deliège, éd. Imago, 330 pages. C’est le livre de base pour ceux qui veulent comprendre l’apartheid institutionnel indien. Les castes sont en théorie abolies mais en réalité bien présentes et maintenues par tous, car les ordres hiérarchiques changent d’une région à l’autre ainsi on est toujours au-dessus d’un inférieur ! Le système des castes est une sorte de cartographie sociale virtuelle qui situe des groupes corporatistes en leur attribuant des rôles spécifiques et en justifiant l’exploitation des plus faibles.
Une histoire de l’Inde, Eric Paul Meyer, éd Albin Michel, 368 pages 23 €. La complexité du sous-continent Indien ne peut se lire comme une chronologie simplificatrice. L’Inde est une fabrication Européenne due à la colonisation ; en fait l’Inde est un lieu géographique comme un vaste chaudron où se sont élaborées au cours des siècles des religions, des philosophies, des économies. Ce qui pourrait le mieux décrire le sous-continent indien c’est un continuel chaos qui s’autoféconde. L’histoire prend alors la forme de bouillonnements, de borborygmes apparemment imprévisibles. Ce livre est indispensable pour comprendre un Etat qui représente un cinquième de l’humanité et qui est déjà un acteur majeur de la mondialisation.
Intouchables entre révolte et intégration, Robert Deliège, éd Albin Michel, 272 pages 19 €. Les Intouchables par les conditions humiliantes qui leur sont infligées, sont un contre-pouvoir qui peut être entraîné dans la violence. Celui qui est dépourvu de l’essentiel n’a pas grand-chose à perdre dans la révolte, au contraire il a tout à y espérer. Le mouvement Dalits sur des bases de révolte légitimes s’est souvent laissé entraîner vers des errements terroristes, il est un des enjeux de l’Inde moderne.
Les sectes : emprise et manipulation, Collectif N°73 de Connexions, éd. érès. 185 pages 163 F. Le phénomène sectaire peut se glisser partout : il tient plus du processus relationnel qui anime le groupe que des croyances qui sont véhiculées. Pour lutter contre ce phénomène pernicieux il est nécessaire de mettre de côté le contenu des croyances, parfois loufoques prêchées par les gourous mais de démonter la dynamique du pouvoir et la circulation de la parole au sein du groupe. Ce numéro recentre le débat dans le champ des mécanismes sectaires, il nous montre aussi que la loi existante fournit des outils pour lutter contre les sectes, notamment en terme de droits de l’enfant, de fiscalité et du droit des associations qu’il suffirait de les mettre en application pour placer force de mouvements en situation d’être dissouts.
Fraternité 2000, côte à côte, solidaires, collectif éd. Autrement 180 pages 49F . Martine Aubry dans sa préface nous dit que "La fraternité relève davantage des comportements individuels que de l’organisation collective de la cité". Abel et Caïn nous rappellent eux que la fraternité n’est pas tendre. Le nouveau millénaire est là pour démonter les idées reçues de la solidarité républicaine à l’heure de l’immigration les impasses et contradictions idéologiques montre que le "frère" qui vient de loin n’est pas bienvenu. La fraternité fait naufrage. L’Etat a pris en charge les difficultés individuelles de façon réglementaire, comment revenir dans l’humain et le tissu social ? L’Etat est comme un dieu trop loin des hommes. Peut-on se construire sans les autres ? cela semble une gageure. Certes nous devons être solidaires pour ne pas être solitaire, "inclus" sans perdre son âme au risque d’être "exclus" dans un ailleurs sidéral.