Visualisation et accompagnement en fin de vie


Visualisation-Symbolisation

dans l’accompagnement en fin de vie.

Par François Paul-Cavallier,

psychothérapeute et formateur en Visualisation-Symbolisation.

La démarche d’accompagnement de personnes en fin de vie s’inscrit dans une philosophie de la vie qui donne à la relation de soin une place équivalente au traitement médical. En effet l’humain est un être de relation et d’appartenance il a besoin d’attachements pour vivre pleinement son temps terrestre. Seuls ceux qui se sont attachés pourront se séparer. C’est à dire quitter, donner quitus, se libérer pour aller vers autre chose. Quand vient le moment où les traitements curatifs ne sont plus envisagés par le milieu médical les soins continuent eux comme au temps ou la guérison physique était l’objectif central des soins. Les psychothérapeutes formés à la Visualisation-Symbolisation prennent une mesure du temps qui va de "l’ici et maintenant" à la vie éternelle. Ce qui nous donne plus de latitude dans notre démarche de soin.

Tout ce que nous envisagerons avec notre "client" (par différenciation à patient ou malade) sera centré sur la relation. Celle qu’il établit avec les siens et toutes les personnes les choses qui sont signifiantes dans le temps qu’il lui reste à accomplir parmi nous. La connaissance des neuf phases du deuil sert de balisage dans la maturation de la séparation qui se prépare. L’intervention en fin de vie ne commence pas quand le départ est proche c’est un long cheminement où accompagné et accompagnant ont eu le temps de tisser des liens, de se choisir, de se préparer réciproquement. L’un à partir, l’autre à rester. Nous utilisons principalement deux exercices métaphoriques pour cheminer vers ce passage qui ressemble étrangement à une naissance. Le premier exercice est une métaphore des phases de deuil(1), le second est utilisé par Stéphanie Simonton(2) et consiste à imaginer l’instant de notre mort. Le fait que ce travail prenne presque toujours place au sein d’une cure psychothérapique rend difficile de donner un rythme standard pour l’apparition de ces exercices. Nous sommes attentif à "sentir" ce moment plus qu’à le prévoir. De toutes les façons ces exercices ne sont pas utilisés tels quels mais toujours intégrés dans le contexte de l’ici et maintenant ce qui en fait des interventions sur mesure. Ils ne sont pas distinct ou "à part" dans la cure ils font intégralement partie de la vie. Bien qu’ils induisent la clôture (fermeture de la gestalt) ce n’est pas eux qui provoquent une rupture en l’annonçant. Une très grande attention est donnée à la douceur, à l’investissement relationnel. La souffrance n’est pas évitée, elle est accompagnée pour permettre de donner du sens à de multiples niveaux. Ceux de sens proprement dit : sens perception, sens signification, sens direction ou orientation chacun de ces niveaux sont intimement reliés aux niveaux existentiels que sont le corporel, l’émotionnel et psychologique, le spirituel. C’est le couple accompagnant accompagné qui vit immergé dans le processus de deuil qui est avant tout un processus de vie. Ainsi comme le dit John Donne ne demande jamais "pour qui sonne le glas ?" - "il sonne pour toi…"

• Visualisation des images pour agir, InterEditions 1989, Paris. http://www.dunod.com/pages/ouvrages/ficheouvrage.asp ?id=46994