Claudie Gimeno


Claudie Gimeno

A la recherche du corps perdu

Qu’y a-t-il dans un corps, quel est le poids de chair ? Quelle force ou énergie l’habite ? Au-delà de cela il y a des viscères, des muscles, des liquides colorés et diaphanes. Et tout ce qu’on ne voit pas, le désir, l’en-vie, les joies, les peines et les pertes qui s’y sont accumulées au cours des instants intenses qui ont façonné l’édifice de l’être. Comme l’arbre qui se construit autour de son xylème, la vie par fines couches quotidiennes sculpte les corps comme les champs de bataille marquent à tout jamais la campagne. Au fond de tout cela il y a incontestablement une âme en lien avec les entités de l’univers. Claudie Gimeno a besoin de gravitation, d’antagonisme des forces pour sentir là, cette vie qui coule sous la façade de la peau « ce qu’il y a de plus profond chez l’homme » comme le rappelle Paul Valéry. Elle fouille plus qu’elle ne laboure ces corps. Elle y recherche comme un récupérateur d’Emmaüs la parcelle qui peut témoigner de l’engagement de l’être selon les orientations que la nature lui a imposées. Il faudra assumer d’être homme ou bien femme, il n’y a pas d’entre deux ni de compromission possible la légèreté du poids des masses oblige les chairs à s’orienter, à prendre place ce n’est ni un banquet ni un festin mais une cérémonie simple et évidente qui ne fait aucune concession à l’âge ni aux cicatrices de vieilles blessures. Claudie s’empare de la présence, saisie la vie qui s’offre comme les fruits de printemps ou les noix d’automne. Ce corps, elle l’explore comme un sac c’est le contenu qui lui importe l’enveloppe, elle la connaît, elle l’a maintes fois reçue dans son regard au point que les repères sont inscrits jusque dans sa main. Ce qu’elle garde sont les trésors de chiffonnier découverts dans sa quête. Alors comme un enfant qui se raconte une histoire magique elle dépose tout cela comme des objets sacrés chargés d’une puissance qu’ils n’ont jamais eux-mêmes connue. Comme la pierre philosophale changeant le plomb en or, elle convertie simplement les souffrances en indicible beauté.

Pour Claudie Gimeno

©François PAUL-CAVALLIER,

19 Juin 2008

www.claudiegimeno.com/